Le 29 juin 2018, à Alençon, l’Adapei de l’Orne a tenu son café-débat sur le handicap mental et le virage inclusif au sein des locaux de l’IME La Passerelle

L’Adapei de l’Orne a lancé son premier café-débat dont le thème a porté sur le handicap mental à l’aune du virage inclusif en milieu ordinaire et des réformes promues par le gouvernement en décembre 2017. En présence de Joaquim Pueyo et de Véronique Louwagie, Députés de l’Orne, et de Bertrand Deniaud, Vice-président de la Région Normandie, l’Association a souligné la prudence sur le virage inclusif qui ne peut être « tout inclusif » mais porté selon une orientation dosée et solidaire.

 « C’est important de comprendre que le virage inclusif ne peut être « tout inclusif ». Affirmer le contraire, c’est méconnaître la réalité des personnes en situation de handicap mental, de leurs besoins. Nous avons des expériences riches et des valeurs en partage, qui constituent des fondations solides pour poursuivre les bases d’une inclusion dosée, solidaire, ouverte, innovante et concrète. » Thierry Mathieu, Président de l’Adapei de l’Orne, lors du café-débat.

Pour une inclusion dosée, solidaire et pragmatique

 211 usagers en juin 2018 sont sur liste d’attente au sein des IME, ESAT, du SAVS (Service d’Accompagnement à la vie sociale) et du SESSAD (Service d’Éducation spéciale et soins à domicile) de l’Adapei de l’Orne. Dans le sillage des orientations inclusives, l’Association travaille d’arrache-pied à ses problématiques concrètes de terrain en lien avec ses partenaires et les politiques publiques. Son objectif est de faire sens et cohérence dans l’efficacité de ses solutions d’accompagnement et participer à la qualité du parcours global des personnes en situation de handicap mental, de la petite enfance jusqu’aux situations d’avancée en âge des usagers et travailleurs.

L’Adapei de l’Orne interroge les meilleures conditions pour le développement de l’inclusion et de ses « dosages » (scolarisation, formation, insertion professionnelle, logements accompagnés ou inclusifs…) au sein de ses structures et services. Avec ses partenaires, notamment l’ARS et le Conseil départemental de l’Orne, elle réfléchit à la poursuite de l’adaptation et de la transformation de l’offre de ses solutions d’accompagnement en lien avec les ressources sanitaires, sociales et médico-sociales du territoire.

Les prérequis nécessaires pour accompagner l’inclusion

Lors du café-débat, Anne-Valérie Dommanget, Directrice générale de l’Adapei de l’Orne, a souligné les nombreux enjeux qui impactent l’Association : « le secteur enfance est concerné au premier chef. Le virage inclusif oriente l’accompagnement des enfants en situation de handicap mental dans le milieu ordinaire : 50% des places en 2020, puis 80% au terme du PRS (Plan régional de santé) en 2022. Cette orientation où le terme de places se transforme en flux d’entrées et sorties, amène une restructuration en profondeur des Instituts médico-éducatifs (IME) ».

Le renforcement de la formation en interne des professionnels mais aussi des familles à l’accompagnement des personnes porteurs de handicap mental dans les différents cœurs d’activité (enfance, secteur protégé et adapté, l’habitat avec les foyers d’hébergement et occupationnels, les Maisons d’Accueil spécialisés) est prépondérant pour l’Adapei de l’Orne pour rendre possible une inclusion réussie des personnes en situation de handicap mental. L’accompagnement des dispositifs avec la MDPH, garante de l’orientation en milieu ordinaire et les autorisations associées, la complémentarité et le transfert de compétences avec l’Education nationale pour le secteur Enfance, constituent des leviers d’actions concertés qui doivent être poursuivis.

La finalisation du CPOM (Contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens) avec les partenaires (Conseil départemental et l’ARS – Agence Régionale de Santé) pour une mise en œuvre prévue début 2019, engage d’ores et déjà des restructurations importantes, notamment pour le secteur enfance et logement sans oublier le projet d’accompagnement global des personnes en situation de handicap mental.

Le travail de terrain à déployer davantage consiste à renforcer les partenariats et les coopérations avec les ressources sanitaires, sociales et médico-sociales. Il est aussi important que le décloisonnement des catégories d’ESMS (Etablissements sociaux et médico-sociaux) pour éviter les ruptures de parcours. Cela signifie d’organiser la complémentarité des solutions d’accompagnement en coresponsabilité avec les autres structures sanitaires, sociales et médico-sociales du territoire. L’ensemble de ces dispositions permettra de déployer encore plus avant le dispositif « Réponse Accompagnée Pour Tous ».

Témoignages et partages d’expérience

La Réponse Accompagnée pour tous (RAPT), le dossier unique de l’usager, les évolutions législatives et réglementaires élargissent toujours plus les missions et ajoutent aussi à la complexité des droits. La cellule Droits des Usagers et Familles de l’Adapei de l’Orne s’inscrit aussi dans ce dispositif de complémentarité entre les familles et les structures. Elle propose un service d’aide et de conseil aux familles et usagers, notamment dans les domaines administratifs et l’accès aux aides financières, et les différentes modalités d’accompagnement possibles. L’Adapei de l’Orne travaille aussi aux solutions de répit organisées et vacances adaptées et familiales.

Le virage inclusif suppose la possibilité d’évolutions régulières des modes d’accompagnements, de logement et de formes de travail en lien avec le projet personnalisé et les attentes exprimées par les personnes elles-mêmes ou les familles. Le SESSAD de l’Adapei de l’Orne a témoigné, lors de ce café débat, du travail organisé sur le territoire pour accompagner les 82 enfants de 0 à 20 ans qu’il accompagne sur les secteurs d’Alençon, Argentan, Domfront, Flers, l’Aigle et Mortagne- au-Perche.

En clôture du café-débat, deux jeunes de l’IME, Léandre Perrin, 18 ans et Coline Rocher, 19 ans, ont témoigné de leurs expériences et de leurs parcours. Léandre, arrivé à l’IME La passerelle en 2015, intègre un atelier préprofessionnel en septembre prochain. Il croit en son avenir.

Auparavant au collège, Coline a intégré l’IME La passerelle il y a 4 ans et s’est orientée vers un atelier préprofessionnel qui lui permis d’effectuer des stages en milieu ordinaire puis protégé (ESAT) dans le secteur animalerie. Elle poursuit aujourd’hui son parcours via l’atelier APTE de l’ME La Passerelle dans les locaux de l’AFPA (Agence Nationale pour la formation professionnelle des adultes).

N’hésitez pas à consulter notre vidéo sur :

https://youtu.be/Adapei61